la Saga de Youza
de Youozas
Baltouchis
traduit du Russe et du Lithuanien par Denise Yuccoz Neugnot
en effet la traduction a un rôle majeur dans la découverte de cette écriture.
Youza traverse la première partie du siècle dans son marais du Karabaïlé, lieu
improbable d'humidité, de neige, où la lutte pour construire, nourrir, survivre
est la seule chose à vivre.
"De ce
côté là, la Pavirvé, qui avait pris naissance dans les bauges flexueuses et
noires du Karabaïlé, dodelinait paresseusement ses mousses. Cette Pavirvé,
celle là même que l'on voyait d'année en année, connue -et pourtant secrète
encore."
"Youza
s'approcha d'un râchon de saule, le prit par les rameaux et tira un bon coup
pour montrer à son frère comment il viendrait à bout de toute cette
frâche."
"Vinrent
les gels. Garrottant les sphaignes et les sagines du Kaïrabalé, pétrifiant la
grande seigne, rigidifiant ses rameaux tremblants, plombant de glace
étincelante les méandres des bauges. Seules les clairures insondables leur
résistèrent : leurs orbites béaient, fumantes, à l'aurore comme au crépuscules,
se riant de la morsure du froid."
"Et
quand revenait le printemps, Youza était heureux, en entrant dans la forêt, de
voir se gonfler les bourgeons dans les
arbres et les buissons, le merisier à grappes suffoquer sous le poids de ses fleurs, la filipendule
balancer sa mantille jaune. Et chaque
automne, il se réjouissait de ce que la forêt flamboie du rubis de l’obier s’illumine du vieil or
rouge des planes, de voir le sorbier
incliner le cuivre de ses corymbes et de sentir monter du sol un parfum de marasmes et de lactaires.
Lui, Youza, n’avait pas oublié les
leçons du grand-père Yokoubas : « Quand
tu vas dans la forêt, n’y va pas en promeneur, mais pense que tu vas dans ta famille. Pas
seulement pour rapporter du bois ou des
champignons, mais pour regarder comment poussent les arbrisseaux, comment le sol se tapisse de mousse. » Tout
cela, il le devait au grand-père
Yokoubas –que la paix éternelle soit avec lui. "
Ces extraits
commencent déjà à rendre fous le correcteur d'orthographe. Ces mots de la
terre, des plantes, des marais, la traductrice est allée les chercher dans les
patois de l'est de la France, la bourgogne et la Comté. Mais quant à les
retrouver ou les identifier...